L’île d’Aoba (1496 m) ,dans l’archipel du Vanuatu ,  correspond à la partie émergée du plus volumineux des volcans actifs de l’archipel (3900 m de hauteur depuis le fond océanique et environ 2500 km3 de volume, ce qui en fait un volcan tout-à-fait exceptionnel). Deux caldéras (cratères géants) concentriques la couronnent, la plus interne incluant trois lacs, dont le lac Voui (2, l km de diamètre) installé dans le cratère actuel du volcan.

L’activité volcanique récente comprend la formation, il y a environ 4 siècles, des cônes entourant les cratères d’explosion du Voui et du Manaro Ngoro. Elle comprend également l’émission des coulées de basalte de N’dui N’dui à partir de fissures sur les flancs, il y a environ 300 ans. Des lahars (coulées de boues transportant des blocs et troncs d’arbres qui se produisent lorsque d’importants dépôts de cendres, instables, sont repris par les pluies torrentielles accompagnant généralement les éruptions) ont probablement détruit des villages sur le flanc SE de l’île, il y a quelque 120 ans, occasionnant plusieurs victimes. De nombreux dépôts de lahars, épais et probablement pas plus anciens que 100-300 ans, ont d’ailleurs été observés sur l’ensemble des côtes de la partie centrale de l’île. Une éruption se serait produite en 1914 avec émission de cendres et descente de lahars (12 morts). Enfin, un petit cône de cendre s’est formé en 1966 à l’intérieur de la caldéra.

Trois zones bouillonnantes avec formation de bulles énormes (10 m de diamètre) et un roussissement général de la forêt des rives ont été observés au lac Voui le 13 juillet 1991 par un pilote de Vanair. C’était la première fois qu’il observait un tel phénomène, qui ne pouvait être que récent, puisque la forêt était encore intacte en mai de la : même année. Le 24 Juillet 1991, une reconnaissance aérienne montrait seulement trois zones d’eaux blanchâtres au milieu du lac et une végétation brûlée par des gaz acides jusqu’à la lèvre du cratère, 120 m au-dessus de l’eau. Un dégagement de SO2 anormalement fort, entre Mai et juillet 1991, est probablement à l’origine des phénomènes observés. Cet évènement n’a pas été noté par les habitants d’Aoba.

Actuellement, Aoba doit probablement être considéré comme le volcan le plus dangereux de l’archipel, du fait de la présence d’un lac de volume important dans le cratère principal du volcan et donc de la forte probabilité d’interactions eau-magma explosives lors d’une future reprise d’activité. Des dépôts très récents, typiques d’un volcanisme fortement explosif ainsi que de très nombreux dépôts de lahars ont été observés le long de toutes les côtes de la partie centrale de l’île. Lorsque l’activité volcanique reprendra dans la zone sommitale, il serait sage, dans un premier temps, d’évacuer les populations des villages côtiers de la partie centrale de l’île (dans un rayon de 10 km autour du lac Voui) vers les zones moins dangereuses situées aux extrémités NE et SW de l’île. Au cas où l’activité migrerait de la zone sommitale vers ces extrémités (où des interactions explosives eau de mer-magma se sont déjà produites et peuvent donc se reproduire), ou dans le cas d’une éruption généralisée, il pourrait être nécessaire d’évacuer une partie ou la totalité de la population vers Santo ou Maewo-Pentecôte.

 

Si l’important dégagement de SO2 de 1991 n’a pas eu de conséquences néfastes pour la population c’est que le vent a probablement éloigné rapidement le nuage toxique de l’île. Un tel dégazage est imprévisible dans l’état actuel des connaissances et techniques.

 

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